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19/05/2019

Frères de sang, petite histoire de la transfusion

Émile Jeanbrau, Georges Dehelly,  Maurice Guillot, Albert Hustin, Bruce et Oswald Robertson

 

Jean Baptiste Denis (1635 - 1704) réalise la première transfusion de sang chez l'Homme le 15 juin 1667. Le patient est un jeune homme de 15-16 ans, atteint de fièvre depuis deux mois, et déjà traité par plus de 20 saignées ! Il présente une perte de mémoire et une incapacité à produire le moindre effort, signes attribués par Denis à l'effet des saignées. Le traitement transfusionnel consiste en fait en l'échange de 3 onces (environ 100 mL) de sang du patient contre 9 onces (environ 300 mL) de sang de mouton. Le suivi à court terme montre une amélioration clinique très rapide, avec reprise de l'activité.

C'est le 27 mars 1914 qu'est réussie dans l'Histoire la première transfusion sanguine par poche, réalisée en BELGIQUE par Albert HUSTIN sur un patient anémié par des hémorragies coliques de longue durée. Au PAYS BASQUE, le 16 octobre 1914 a eu lieu, à l'Hôpital de BIARRITZ, la première  transfusion sanguine directe de la première Guerre Mondiale : Isidore COLAS, un soldat  breton (né à BANNALEC) en convalescence à la suite d'une blessure à la jambe, sauve par le  don de son sang le Caporal Henri LEGRAIN (origine de LAON dans l'Aisne) du 45ème  d'Infanterie, arrivé exsangue du Front. Leurs sangs devaient être compatibles puisque l'opération réussit. "Je le vis peu à peu se recolore et renaître à la vie" expliqua un des médecins

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"On a rapporté récemment un cas de transfusion effectué avec plein de succès à Montpellier par le docter Jeanbrau et le professeur Hedon. Notre photographe représente les deux frères d'armes, devenus frères de sang, vingt-cinq jours après la transfusion qui sauva l'un grâce au sacrifice de l'autre: à gauche, le soldat réserviste Créchet, du 68e de ligne, amputé après une terrible hémorragie; à droite, le "donneur", Emile Barthélémy, du 81e de ligne, légèrement blessé à Gerbeviller" source

 

Tout ceci a été rendu possible dans les armées françaises grâce à l'investissement du Pr Jeanbrau, pionner de la transfusion en France.

Natif d’Alès, il étudie la médecine à Montpellier, jusqu’au doctorat en 1898 ; il devient chirurgien et s’oriente vers l’urologie. En 1914 il est mobilisé comme chirurgien à l’hôpital d’évacuation de Biarritz. Le 16 octobre, il transfuse parla technique de la canule d’Elsberg le soldat Henri Legrain, blessé le 28 septembre, amputé de la cuisse droite. Le donneur est un éclopé, le soldat Isidore Colas (on appelait “éclopé”, dans le langage de la médecine militaire, un blessé léger, convalescent). Henri Legrain guérit ; il mourut en 1987, à l’âge de 97 ans ! Émile Jeanbrau pratiqua quelques autres transfusions à l’aide de la canule d’Elsberg.

Mais, jugeant l’opération “trop difficile, trop minutieuse et trop longue pour entrer dans la pratique d’urgence”, il passa au tube de Kimpton-Brown paraffiné, qu’il améliora progressivement dans les années suivantes (modifications de forme, de volume, du système d’aspiration et d’insufflation, introduction de 25 à 30 ml d’une solution de citrate de sodium). Il était alors, près du front, chirurgien-chef de l’ambulance automobile chirurgicale (“Autochir”) n°13.

Du début du conflit jusqu’à la fin de 1914, on estime à 50, tout au plus, les transfusions sanguines pratiquées sur des blessés de l’armée française, et par Émile Jeanbrau, Georges Dehelly et Maurice Guillot pour la plupart.

Georges Dehelly s’était formé à la transfusion sanguine, avant-guerre, lors d’un stage de perfectionnement auprès de Crile aux États-Unis. Il fut l’auteur, avec Maurice Guillot etLouis Morel d’un d es premiers ouvrages français sur la transfusion sanguine .

Un point anecdotique de la transfusion sanguine dans la période 1914-1916 concerne un vieux général français. Au printemps de 1916, épuisé par la maladie, il démissionne de son poste de ministre de la Guerre. Le 18 mai, il est opéré de la prostate dans une clinique de Versailles. Après une hématurie massive il est transfusé, le donneur étant son chirurgien lui-même ! Il décède néanmoins, le lendemain 27 mai : Joseph Simon Gallieni (1849-1916), gouverneur militaire de Paris en août 1914, l’homme des “taxis de la Marne”, est donc très vraisemblablement le premier général de l’armée française à recevoir une transfusion sanguine. source

 

Lire: La transfusion sanguine pendant la Grande Guerre (1914 - 1918).

 

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